Page:Bacon - Œuvres, tome 4.djvu/473

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Pour nous, n’ignorant pas qu’il est impossible de porter un jugement valide sur les choses rares et remarquables, qu’on peut encore moins faire de vraies découvertes sans avoir au préalable cherché et trouvé les causes des choses plus communes et les causes de ces causes, nous sommes en conséquence obligés de donner place dans notre histoire à des choses très connues. Nous voyons même que rien n’a plus nui à la philosophie, que cette disposition naturelle qui fait que les choses fréquentes et familières n’ont pas le pouvoir d’éveiller et de fixer l’attention des hommes, et qu’ils les regardent comme en passant, peu curieux d’en connoître les causes ; en sorte qu’on a beaucoup moins souvent besoin de les exciter à s’instruire de ce qu’ils ignorent, qu’à fixer leur attention sur les choses connues.

    cher : pour la chercher, il faut une certaine activité d’esprit. Or, l’esprit humain est naturellement paresseux ; il n’a d’activité qu’autant qu’une passion l’éveille ; et les choses très connues n’en éveillent plus, parce qu’elles cessent d’étonner.