Page:Bacon - Œuvres, tome 5.djvu/163

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gnent, tantôt le côtoyant, tantôt passant et repassant devant lui, tracent des sillons de feu qui se croisent dans tous les sens ; et paroissent eux-mêmes tout enflammés. Ce phénomène, la première fois qu’on en est témoin, a quelque chose d’effrayant, puis on l’admire, enfin on s’y accoutume tellement qu’on n’est plus même tenté d’en chercher la cause. Or, la cause matérielle de cette lumière paroît être une substance visqueuse qui entre dans la composition de l’eau de mer, et qui, en certains lieux, comme les côtes de Bretagne et celles de l’État vénitien, se déposant sur le rivage, le rend fort glissant. Ce qui semble le prouver, c’est qu’à Terre-Neuve, l’eau du havre où l’on est mouillé, et où l’on jette sans cesse les débris de la morue, étincelle en tout temps, comme je m’en suis assuré par moi-même, en 1771, dans le havre du Quairpont, situé près le cap de Grate, la pointe la plus septentrionale de l’île. Mais je dois ajouter, qu’ayant souvent pris de cette eau dans ma main et durant le jour, je la trouvai remplie d’une infinité de petits vers rougeâtres, d’où peut-être vient cette lumière, comme l’ont pensé quelques physiciens. De ce fait et d’autres encore plus connus, il semble qu’on puisse conclure que le gluten animal, lorsque la fermentation putride y est à un certain degré, a la propriété de luire ; et la viscosité parait être une qualité commune à tou-