Page:Bacon - Œuvres, tome 5.djvu/172

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toute pleine de faits de cette espèce ; leur imagination en est frappée. Et d’ailleurs, amoureux de cette uniformité si commode pour tout homme qui veut simplifier, ils prêtent à la nature des vues, des moyens et un plan proportionnés à leur foiblesse. Ils nient donc la possibilité des générations par voie de putréfaction, parce qu’ils n’en ont jamais vu de telles : eh ! comment les auroient-ils vues ? Si elles étaient réelles, elles ne seroient pas visibles, attendu que nos sens n’auroient point de prise sur une opération si délicate.

Que si, des raisonnemens généraux, nous passons aux faits, je dis que les expériences qu’ils allèguent en preuve de leur opinion, ne me paroissent rien moins que concluantes ; car ces petits appareils qu’ils ont imaginés pour fermer le passage aux animalcules (qui, selon eux, viennent déposer leurs œufs ou s’accoupler, et pour tout dire en un seul mot, engendrer dans les liqueurs et autres matières putréfiées) ; ces appareils, dis-je, en fermant le passage à ces animalcules, le ferment aussi à l’air, en totalité ou en partie. Or, il se peut que le contact, non-seulement de l’air, mais de l’air libre et dans toute sa liberté, soit, à leur insu, une condition absolument nécessaire à ce genre de fermentation putride dont s’ensuivent des générations d’animaux ; ce qui laisse une équivoque dans tous les résultats de ces expériences.