Page:Bacon - Œuvres, tome 5.djvu/57

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

qui lui est essentiel ; de manière qu’il ne soit et ne puisse être que ce qu’énonce sa définition, et rien de plus. Car, si la définition n’exprime pas tout ce qu’est et peut être le sujet défini, mais seulement une partie de son essence, c’est parce que ce sujet n’étant pas encore suffisamment analysé, on ne connoit pas assez sa différence ou ses différences spécifiques, pour le bien caractériser et le distinguer de tous les autres ; d’où il résulte que, cette imparfaite définition qu’on en donne convenant aussi à d’autres sujets, ce cas rentre dans le second qui a été discuté, et par conséquent n’exige point une nouvelle explication.

Or, dans toutes les sciences d’observation et d’expérience, on ne connoît jamais ou presque jamais aucun sujet assez parfaitement, pour pouvoir en donner une définition complète ; mais, à mesure qu’on pousse l’analyse, cette connoissance s’étendant par degrés, nous met ainsi en état d’en donner une définition de plus en plus complète et précise. Ainsi, dans les sciences de ce genre, il n’est point ou presque point de sujet qu’on puisse rendre conversible avec sa définition. Heureusement cette précision n’est pas très nécessaire dans la pratique, et le bonheur de l’homme est composé d’à peu près. Mais, si l’on visoit aussi haut que le chancelier Bacon, il ne faudroit pas se laisser trop effrayer par les difficultés dont se hérisse à chaque pas ce vaste