Page:Bacon - Œuvres, tome 5.djvu/71

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pour que le corps  A se meuve d’un cent millième de ligne, qu’il ébranle toute cette masse ; et pour cela lui supposer une force si grande, qu’un infini qui auroit pour coefficient et pour exposant deux autres infinis, dont chacun auroit aussi pour coefficient et pour exposant une file infinie d’autres infinis, pourroit à peine l’exprimer ; ce qui est absurde. Il faut donc revenir sur le principe, convenir qu’il est faux (même en supposant le vuide au-delà de l’univers matériel), et par conséquent abandonner.

Il seroit inutile de supposer, avec l’auteur de la logique de Port-Royal, que ce déplacement successif dont nous parlions, se fait suivant une ligne courbe et rentrante ; car ces atomes qui décrivent cette ligne courbe, se trouvent environnés d’autres atomes qui les touchent dans tous leurs points, d’où résulte un frottement réciproque dans tous ces points ; et dès-lors l’objection que j’ai tirée de la considération de ces frottemens, demeure dans toute sa force ; objection qui, ramenant avec elle celle que je tirois de l’unité de masse résultante de la parfaite contiguité de tous les atomes, laquelle n’est elle-même qu’une conséquence nécessaire de la supposition d’un plein absolu, devient ainsi d’une force infinie ; sans compter qu’il faudroit supposer que tous les mouvemens de l’univers se font dans des courbes rentrantes ; supposition ridicule.