Page:Bacon - Œuvres, tome 5.djvu/80

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les représentent, nous voulons saisir, à l’aide des sens, ce que la seule raison peut apercevoir ; nous voulons imaginer ce que nous ne pouvons que concevoir, ramener toutes les idées de la seconde espèce à celles de la première, et raisonner sur l’existence idéale avec des mots relatifs à l’existence physique. Puis, fatigués par les raisonnemens assez abetraits de ceux qui distinguent avec soin ces deux espèces d’idées, nous les accusons de réaliser des abstractions, de confondre ce que nous confondons nous-mêmes, faute de considérer que ce qu’ils entendent par réalité, n’a rien de commun avec ce que nous entendons par ce mot, et que l’idée même de l’existence n’est, comme toutes les autres idées, qu’une idée relative, Mais en voilà assez sur cette matière ; rentrons dans la physique.

Quant à la seconde question, que l’auteur tranche aussi impérieusement que l’autre, je veux dire celle où il s’agit de savoir s’il y a dans l’univers une matière immuable, comment un si grand génie a-t-il pu adopter la négative, dont il lui étoit si facile de se démontrer l’absurdité ?

En effet, l’expérience est pour nous le guide le plus sûr ; donc il est des loix constantes dans cette partie de l’univers, que nous habitons ; sans quoi les expériences faites dans un temps, ne nous instruiroient point pour un autre temps, et ce serait toujours à recommencer. Or, s’il y a des loix cons-