Page:Bacon - Œuvres, tome 6.djvu/143

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bien[1]. Mais, dans le dernier, les substances s’unissent en vertu d’une très forte analogie ; elles sont sœurs, et réunies, semblent ne faire qu’un. Or, ce mouvement-ci se trouve dans tous les corps composés, et y seroit très sensible, s’il n’y étoit lié et comme bridé par les autres appétits (tendances, forces, efforts), et les autres nécessités des corps qui trou-

  1. J’ignore si ce mouvement a quelque réalité dans le monde physique ; mais je sais qu’il n’est que trop réel dans le monde moral. C’est rarement par une bienveillance réciproque que les hommes se réunissent, c’est presque toujours par des haines communes et trop souvent la prétendue amitié n’est que la coalition de deux méchans qui se liguent pour nuire à un troisième. Tant que les deux premiers sont jaloux l’un de l’autre, ils restent divisés ; mais dès qu’ils envient ce troisième encore plus qu’ils ne s’envient réciproquement, ils se liguent, et devenus complices ils semblent être amis. De même, cette force répulsive, que la vanité spirituelle exerce en tout temps contre la sotte vanité, condense la sottise et coalise les sots. Pour les tenir séparés, il est bon que les gens d’esprit se mêlent un peu plus avec eux.