Page:Bacon - Œuvres, tome 6.djvu/261

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ventricules du cerveau ; et comme ces esprits, ainsi resserrés, ne trouvent plus d’issues pour s’échapper, ils sont en conséquence forcés de se réunir et de se condenser ; effet qui va quelquefois jusqu’à les éteindre et les suffoquer. Ces mêmes opiates, pris à dose médiocre, ont un effet contraire[1]. Par leur action médiate et secondaire (je veux dire, par cette condensation qui résulte de la réunion des esprits), ils les fortifient, leur donnent plus de consistance, répriment leurs mouvemens vagues et incendiaires.

  1. En médecine, ainsi qu’en morale et en politique, la dose fait presque tout. Il n’est point d’aliment salutaire qui, pris en grande quantité, ne devienne un poison ; et il n’est presque point de poison qui, appliqué à propos, soit extérieurement, soit intérieurement, et à dose infiniment petite, ne puisse faire quelque bien, soit comme stimulant, soit comme calmant. C’est ainsi que le sublimé corrosif, qui est un poison très actif, étant suffisamment délayé et gradué avec intelligence, extirpe les maladies vénériennes et beaucoup d’autres.