Page:Bacon - Œuvres, tome 6.djvu/290

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pire sur son corps que tous les autres animaux ; néanmoins l’ordre des feuillans[1], dit-on, a été bientôt réduit à rien, la nature humaine étant incapable de soutenir long-temps un régime tel que celui qu’ils avoient choisi. Par la même raison, il faut observer avec soin les matières diverses des putréfactions d’où s’en- gendrent certains animaux.

Disons donc que les analogies ou affi-

    que mettent dans le caractère, et le tour d’esprit, dans toute la constitution, soit physique, soit morale, le régime végétal et le régime carnassier, seront peu étonnés de ce double paradoxe.

  1. Il paroît que les premiers feuillans avoient eu le projet de vivre de feuilles proprement dites ; mais leurs successeurs, personnages graves et judicieux, ont pensé, avec quelque raison, qu’on peut se sanctifier plus commodément en mangeant de fort bon poisson ; qu’il n’étoit pas absolument nécessaire, pour parvenir à la béatitude un peu mélancolique qui leur étoit promise, de se procurer précisément trois ou quatre indigestions par jour ; et que la véritable voie du salut est de travailler beaucoup, et de bien digérer ce qu’on mange, ce qu’on pense, ce qu’on dit et ce qu’on fait.