Page:Bacon - Œuvres, tome 6.djvu/307

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et que nous regardons comme la cause efficiente de ce mouvement toujours croissant, n’en soit point une, mais seulement une cause occasionnelle qui débande un ressort, lequel faisant aussi l’office de cause occasionnelle, en débande un plus fort qui, jouant le même rôle que les deux premiers, en débande aussi un plus fort que lui, et ainsi de suite à l’infini ; ce qui n’exigeroit, pour commencer le mouvement, qu’une force beaucoup moindre que celle du plus foible de ces ressorts. L’homme, avec ses forces propres, ne peut presque rien ; mais en appliquant à propos les puissances mêmes de la nature, il peut presque tout.

(d) Et qui auroit de si grands effets, qu’on pourroit exécuter en un moment ce que la nature ne fait que par de longs détours et à force de temps. S’il est vrai que la texture actuelle, ou, pour parler plus généralement, l’état actuel de tous les corps spécifiques que nous connoissons, dépende, en grande partie, comme l’a pensé M. de Buffon, de l’état de fusion où cette planète a été durant plusieurs milliers de siècles dans le soleil, et plusieurs milliers d’années hors de cet astre, comme nous n’avons point d’agent comparable à celui-là, soit pour la force, soit pour la durée, il sembleroit, au premier coup-d’œil, qu’on devroit désespérer d’être jamais en état d’opérer quelque vrais transformation, Mais il se pourroit que cette grande