Page:Bacon - Œuvres, tome 6.djvu/324

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De même, voulant prouver que tel individu est injuste, on feroit voir qu’il l’est avec tous les hommes, soit qu’ils aient avec lui une conduite juste ou injuste ; qu’il se venge du mal qu’on lui a fait, ou qu’il croit qu’on veut lui faire, et abuse des services qu’on lui rend ; et l’on concluroit du tout qu’il est injuste absolument, c’est-à-dire, de toutes les manières. Dans ce raisonnement, c’est l’attribut de la question qui a été divisé.

Le dilemme de la première espèce n’est au fond qu’un syllogisme renversé, qu’une induction méthodique. Car, de ce qu’un attribut convient à un certain genre, et de ce que le sujet de la question est une espèce de ce genre, le syllogisme conclut que cet attribut convient à ce sujet. Au contraire, de ce qu’un attribut convient à toutes les espèces d’un genre, le dilemme conclut que cet attribut convient à tout ce genre. En sorte que le syllogisme concluant du genre aux espèces, et le dilemme, des espèces au genre, chacune de ces deux formes n’est que l’inverse de l’autre.

Il suit encore de cette analyse que le dilemme n’est qu’une combinaison de plusieurs syllogismes simples. Car, après avoir divisé le sujet ou l’attribut de la question, on pourroit faire autant de syllogismes que ces deux termes ont de parties ; prouver successivement, par ces syllogismes, que chaque partie de l’attribut convient ou ne convient