Page:Bacon - Œuvres, tome 6.djvu/359

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de B ; à ce quotient, dis-je, divisé par la somme des deux masses.

Dira-ton ici que l’effet du mouvement de B est nul, parce qu’au lieu de mouvoir actuellement A vers l’orient, comme il tendoit à le faire, il est mu lui-même vers l’occident ? Non, sans doute : B tend à mouvoir un autre corps vers l’orient, si son action est libre ; ou, si son action n’est pas libre, à diminuer de toute sa propre quantité de mouvement, celle d’un corps qui tend à se mouvoir vers l’occident, et qui vient à sa rencontre ; à produire son effet propre, ou à diminuer d’autant l’effet contraire.

De mème, supposons un homme qui soit très avare ; c’est-à-dire, qui le soit presque toujours, et qui souhaite de pouvoir toujours l’être. Si, dans une certaine occasion, la vanité de cet homme est exaltée par les regards d’une multitude de spectateurs, ou de tout autre témoin qu’il estime ; par exemple, d’une femme à qui il veuille plaire, il pourra faire un acte de générosité. Dira-t-on, à cause de cet acte, qu’il n’est pas avare ? Non ; dans ce cas où la vanité A l’emporte, et où l’avarice B, qui semble dormir, n’a pas sensiblement son effet, cette avarice n’en est pas moins réelle. Il sera ordinairement moins libéral, dans ces occasions d’apparat, que s’il n’eût pas été habituellement avare, ou il le sera moins sincèrement.