Page:Bacon - Œuvres, tome 7.djvu/283

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114. C’étoit chez les anciens une opinion reçue, et établie sur l’expérience, que les innovations relatives à la modulation et à l’harmonie, peuvent produire les plus grandes altérations dans les mœurs ; que l’on peut, par ce seul moyen, donner aux hommes de l’énergie et du courage, ou les amollir et les efféminer, les rendre guerriers ou pacifiques, sérieux ou gais, barbares ou compatissans ; la raison de cette puissante influence de la musique, est que les émotions relatives à l’ouïe ont pour cause des impressions plus immédiates que celles qui se rapportent aux autres sens, et que les impressions de la première espèce sont plus incorporelles que celles qui constituent l’odorat. Car les organes respectifs de la vue, du goût et du tact, n’ouvrent pas aux esprits un accès, un passage aussi facile et aussi immédiat que l’organe de l’ouïe. Quant à l’odorat, qui, ainsi que l’ouïe, agit immédiatement sur les esprits, et dont les sensations ont un puissant effet, tant