Page:Bacon - Œuvres, tome 8.djvu/293

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aiguille ordinaire, d’une épingle de tête, d’un canif, etc, sur les fruits ou l’écorce encore tendre, ces lettres ou ces figures qu’on verra croître en même temps que ces arbres ou ces fruits, conformément à l’expression que le poëte de la nature prête à un de ses bergers :

Je veux graver mes amours sur l’écorce d’un arbre encore tendre :
Tu croîtras, arbre plein de vigueur ; et vous aussi, vous croîtrez, mes amours[1] !

  1. Le grand homme que nous interprétons n’est pas géomètre ; on le sent à chaque pas en le voyant se contenter si aisément de simples lueurs et d’à peu près : mais il est quelque chose de plus ; il est plein d’âme et de vie ; il anime tout ce qu’il touche ; il ne sait pas toiser la nature, mais il sait la sentir ; il sait en jouir et communiquer ses jouissances. Son style à la douceur et l’aménité qui nait du sujet même ; sujet innocent, paisible et frais ; où l’âme se repose avec délices, après avoir déploré, dans le sentiment de son impuissance, nos maux innombrables, enfans de nos vices ; et nos vices, enfans de nos erreurs. Les plantes sont privées du sentiment ; mais cette tendresse qu’elles ne ressentent point, elles l’inspirent.