Page:Bacon - Œuvres, tome 8.djvu/408

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formant bientôt à lui seul une espèce de forêt. La cause de cette multiplication si extraordinaire n’est autre que l’abondance de la sève et le peu de consistance du bois, qui fait que les branches de cet arbre n’ayant pas assez de roideur pour se soutenir, sont forcées, par leur propre poids, à s’incliner vers la terre. Les feuilles de cet arbre sont d’une largeur égale à celle d’un petit bouclier[1] ; mais son fruit n’est pas plus gros qu’une fève. La raison de ce dernier effet est, qu’un ombrage continuel tend à augmenter le volume des feuilles, ce qui est autant de perdu pour le fruit. Mais d’ailleurs, ajoute-t-on, ce fruit, quoique très petit, est d’une saveur fort agréable, qu’on doit attribuer à l’humor oléagineux et assez fluide, dont cet arbre est

  1. Je sais que, du temps de Bacon, on donnoit le nom d’écu à cette arme défensive ; mais alors il auroit fallu dire que les feuilles de cet arbre sont de la largeur d’un petit écu : des pieds et des pouces auroient mieux valu.