Page:Baillet - De quelques ouvriers-poètes, 1898.djvu/97

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LA GRAND-MÈRE


Un jour, quand j’étais tout petit,
Que je pleurais à perdre haleine.
Ma grand-mère à bas de son lit
Sauta, malgré sa soixantaine :
Puis me prenant entre ses bras
Pour m’apaiser me dit tout bas :

Dodo, mon petiot.
Tu n’es pas au bout de ta peine.
Dodo, mon petiot,
Garde tes larmes pour tantôt.

Ton père, mon pauvre chéri.
Qui maintenant t’aime, t’embrasse,
Quand tu poussas ton premier cri
Fit une piteuse grimace :
Il avait raison, sur ma foi !
On se serait passé de toi.

Dodo, mon petiot.
Dieu n’a rien mis dans ta besace,
Dodo, mon petiot,
Garde tes larmes pour tantôt.