Page:Baillet - La Vie de monsieur Des-Cartes, première partie.djvu/113

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éviter toutes les fois qu’il étoit obligé de sortir pour ses besoins. La chose ne luy réüssit point mal pendant l’espace de deux années. Mais il se reposa dans la suite avec un peu trop d’assurance sur le bonheur de sa solitude, et ne veillant plus sur sa route et ses détours avec la même précaution qu’auparavant, lorsqu’il alloit dans les ruës, il fut rencontré par un de ses anciens amis qui ne voulut pas le quitter qu’il ne luy eût découvert sa demeure. Il en coûta la liberté, pour ne rien dire de plus, à M Descartes. L’ami fit si bien par ses visites réïtérées, et par ses importunitez, qu’il vint à bout de troubler prémiérement sa retraite et son repos, et de le déterrer en suite tout de bon de sa chére solitude pour le remener dans le monde, et le replonger dans les occasions de divertissement comme auparavant.

Mais il s’apperçut bientôt qu’il avoit changé de goût pour les plaisirs. Les jeux et les promenades n’avoient plus pour luy les mêmes attraits qu’auparavant : et les enchantemens des voluptez ne purent agir en luy que trés-foiblement contre les charmes de la philosophie et des mathématiques, dont ces amis de joie ne purent le délivrer. Ils luy firent passer les fêtes de noël, et le commençement de l’année suivante jusqu’aux jours gras, le moins tristement qu’il leur fut possible. Mais ils ne purent luy faire sentir d’autres douceurs que celles de la musique, aux concerts de laquelle il ne pouvoit être insensible avec la connoissance qu’il avoit des mathématiques.


Le royaume étoit alors divisé par les partis formez entre les princes, et quelques seigneurs, d’une part : et ceux qui avoient l’administration des affaires, de l’autre : et