Page:Baillet - La Vie de monsieur Des-Cartes, première partie.djvu/127

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à la perte de la liberté publique que Barneveld, lorsqu’il les sonda tout de bon sur le point de la souveraineté. Le grand nombre des parens, et des autres personnes qui étoient demeurées dans les intérêts des honnêtes gens à qui il avoit procuré la mort, la prison, ou l’éxil, luy fit connoître qu’il s’étoit attiré l’aversion générale, et que des républicains qui avoient secoüé la domination de la maison d’Autriche, ne seroient pas d’humeur à subir le joug de celle de Nassau.

M Descartes ne pouvoit pas ignorer les pratiques de ce prince, ni la disposition des peuples à son égard.

C’est peut-être ce qui contribua à le détacher d’un païs, où il ne trouvoit pas cette variété d’occupations qu’il s’étoit promise en sortant de la France. Les nouvelles qu’on avoit apportées à Breda des grands mouvemens de l’Allemagne, réveillérent la curiosité qu’il avoit de se rendre spectateur de tout ce qui se passeroit de plus considérable dans l’Europe. On parloit d’un nouvel empereur, on parloit de la révolte des etats de Bohéme contre leur roy, et d’une guerre allumée entre les catholiques et les protestans à ce sujet. M Descartes voulant quitter la Hollande prit pour prétexte le peu d’éxercice que luy produisoit la suspension d’armes qui étoit entre les troupes du Prince D’Orange, et celles du Marquis De Spinola, et qui devoit durer encore deux ans selon les conventions de la tréve. Sa résolution étoit de passer en Allemagne pour servir dans les armées catholiques : mais avant que de se déterminer à aucun engagement, il fut bien-aise d’assister au couronnement du nouvel empereur qui devoit se faire dans la ville de Francford.