Page:Baillet - La Vie de monsieur Des-Cartes, première partie.djvu/134

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l’Empereur Mathias aprés les deux archiducs qui luy avoient passé leur droit, et petit-fils comme eux de l’Imperatrice Anne femme de l’Empereur Ferdinand I, et héritiére des royaumes de Bohéme et de Hongrie.

Les protestans de Bohéme prenant le nom d’etats généraux, se saisirent de l’autorité souveraine ; refusérent de reconnoître le titre d’héritiere

dans l’Impératrice Anne ; prétendirent que le royaume étoit purement électif, et nullement héréditaire ; et que l’action de Mathias et de Ferdinand étoit un attentat contre leur liberté, et contre le droit qu’ils avoient de se choisir un roy. Ce fut en vain que Ferdinand leur fit voir dans son manifeste, que tous les priviléges accordez aux etats de Bohéme pour l’élection d’un roy, portoient la clause que, lorsqu’il ne resteroit plus aucune personne de la race et maison royale de Bohéme mâle ou femelle, l’élection libre du roy appartiendroit aux etats généraux du royaume, et non autrement . Ils furent bien-aises d’avoir trouvé ce prétexte pour prendre les armes contre Mathias. Ils firent deux corps d’armée dont ils donnérent la conduite au Comte De Thurn ou De La Tour, et au bâtard De Mansfeld. L’empereur se vit obligé de leur opposer aussi deux armées, l’une conduite par le Comte De Dampierre, et l’autre par le Comte De Bucquoy. Toute l’année 1618 se passa en expéditions avec divers succez de part et d’autre. Mais l’Empereur Mathias étant mort au mois de mars de l’an 1619, Ferdinand prit possession du royaume de Bohéme selon les conventions qu’il avoit faites avec son prédécesseur de n’entrer en joüissance qu’aprés sa mort. Sa prémiére pensée fut de chercher les moyens de faire revenir les esprits par voye d’adoucissement. Et dans cette vûë il proposa une suspension d’armes aux directeurs de Bohéme qui la refusérent. Il leur envoya la confirmation de tous leurs priviléges, et n’omit rien de ce qu’il jugeoit propre pour les gagner. Ce fut en vain. Ils recommençérent la guerre avec plus d’animosité qu’auparavant. Ils tâchérent d’engager les electeurs palatin et de Saxe dans leurs intérêts : et ils écrivirent au Duc De Baviére, pour le prier de ne point permettre le passage par ses terres au secours de 8000 hommes de pied, et 2000 chevaux envoyez des Pays-Bas par l’Archiduc Albert, prémiérement