Page:Baillet - La Vie de monsieur Des-Cartes, première partie.djvu/145

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Les affaires des bohémiens baissoient deplus en plus, non seulement par la jonction des deux armées impériale et bavaroise qui faisoient un corps de 50000 hommes vers le midy : mais aussi par la descente que l’electeur de Saxe venoit de faire avec 20000 hommes du côté du septentrion.

Cet electeur qui avoit refusé la couronne de Bohéme aussi-bien que le Duc De Baviere avant qu’on l’eût présentée à l’electeur palatin, avoit été chargé par l’empereur de l’éxécution du ban impérial publié contre les rebelles. Il étoit d’ailleurs mal satisfait de l’electeur palatin, qui n’avoit pas déféré à ses avis, ni à ceux de l’assemblée de Mulhausen, touchant le désistement de cette couronne qu’on luy avoit conseillé. En un mot il étoit le chef des luthériens de la confession d’Ausbourg, qui comme les catholiques ne pouvoient souffrir que les calvinistes se rendissent les maîtres d’un royaume et de trois grandes provinces par voye d’usurpation.

Il avoit déja réduit toute la Lusace, lorsque le Duc De Baviére et le Comte De Bucquoy aprés avoir pris quatorze ou quinze villes de la Bohéme, se mirent sur la route de Prague, parce que la saison déja avancée et fort rude ne permettoit pas qu’ils s’amusassent plus long-tems à former des siéges. Le samedy Vii du mois de novembre, ils se trouvérent à la portée du canon prés de l’armée de Bohéme qui les avoit cotoyez dans leur marche : et ils s’approchérent de la ville de Prague à une demi-lieuë de distance. Le lendemain dimanche octave de la toussaints, l’armée de Bohéme qui s’étoit avancée à un petit quart de lieuë de Prague, se campa sur un poste assez élevé. Le dessein de l’electeur palatin n’étoit autre que de demeurer sur la défensive, parce que ses troupes augmentées de dix mille hongrois que luy avoit envoyez Betlen Gabor, étoient encore beaucoup inférieures à celles des impériaux.

Le Duc De Baviére, et le Comte De Bucquoy en litiére d’une blessure qu’il avoit reçûë le mercredy d’auparavant, voyant l’ennemi campé si avantageusement, et si bien déterminé à se battre, tinrent conseil pour délibérer si l’on présenteroit la bataille. Les avis alloient à ne rien hazarder, lorsque le carme déchaussé qui avoit apporté l’épée benie