Page:Baillet - La Vie de monsieur Des-Cartes, première partie.djvu/169

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outre cela que l’empereur pardonnât généralement à tous les confédérez de quelque province qu’ils fussent, et ne fit aucune recherche du passé.

L’empereur rejetta cette proposition : sur son refus la conférence de Haimbourg fut rompuë avec la tréve qu’on avoit renoüée et prolongée jusqu’alors, de sorte que rien n’empêcha plus le Comte De Bucquoy d’entrer en Hongrie.

M Descartes le suivit au passage de la Morave, qu’il fit au mois d’avril pour aller investir Presbourg avec une armée de 22000 hommes. Le Prince Betlen qui avoit laissé une forte garnison dans le château de la ville, ayant pourvû aux munitions de Tirnaw, de Neuhausel, et des autres places principales, se retira à Cassovie, et y emporta la couronne de Hongrie. La ville de Presbourg se rendit le 2 de may, et le château huit jours aprés.

Le Comte De Bucquoy aprés avoir fait conduire les hongrois qui étoient dans la citadelle à Neuhausel, et les allemans en Moravie, mit une garnison impériale dans Presbourg, et fit marcher son armée devant Tirnaw, qui ne résista point longtêms, non plus que les villes et places de S Georges, de Moder, de Pesing, de Rosendorf, d’Altembourg, et quelques autres sur les deux rives du Danube, qui furent réduites en peu de têms avec toute l’isle de Schut.

On prétend que M Descartes se signala dans ces expéditions, et qu’il y acquit de la réputation. La chose n’est pas tout-à-fait hors d’apparence, mais il auroit été bon que nous l’eussions apprise de lui même, ou de quelque auteur attaché uniquement à la vérité de l’histoire, plûtôt que de ses panégyristes qui peuvent l’avoir devinée dans la pensée de lui faire honneur. Je crois qu’il faut s’en tenir à ses intentions, qui n’étoient de chercher ni la gloire ni la fortune dans la profession des armes, mais de parvenir de plus en plus à la connoissance des hommes, et du reste de la nature.

Le Comte De Bucquoy, n’eut pas si bon marché du siége de Neuhausel, qui pensa ruïner le parti de l’empereur en Hongrie. Les impériaux eurent d’abord quelques avantages dans leurs approches : et les assiégez reçurent au commençement beaucoup de dommage des batteries qui étoient