Page:Baillet - La Vie de monsieur Des-Cartes, première partie.djvu/180

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par Roüen, et il passa delà droit à Rennes chez m.

Son pére vers le milieu du mois de mars. Une absence de prés de neuf ans peut faire juger du plaisir qu’il reçut de ses proches, et de celuy qu’il leur donna, mais particuliérement à m. Son pére, qui étoit déja des anciens de la grand-chambre, et qui se vit le doyen du parlement l’année suivante. M Descartes avoit alors vingt-six ans achevez, et m. Son pére prit occasion de sa majorité pour le mettre en possession du bien de sa mére, dont il avoit déja donné deux tiers à ses aînez : l’un à M De La Bretailliére son frére, et l’autre à Madame Du Crevis sa sœur.

Ce bien consistoit en trois fiefs ou métairies, sçavoir le perron , dont il portoit le nom, la grand-maison, et le marchais

; outre une maison

dans la ville de Poitiers, et plusieurs arpens de terre labourable au territoire d’Availle. Comme tout ce bien étoit situé en Poitou, il fut curieux de l’aller reconnoître, afin de voir l’usage qu’il en pourroit faire. Il partit au mois de may pour se rendre en cette province, et il songea dés lors à chercher des traitans pour le vendre, afin de trouver de quoy acheter une charge qui pût luy convenir. Il passa la plus grande partie de l’été tant à Châtelleraut qu’à Poitiers, et il retourna auprés de m. Son pére, qui pendant le semestre de son repos, demeuroit beaucoup moins à Rennes que dans sa terre de Chavagnes au diocése de Nantes ; terre qui luy étoit venuë de sa seconde femme. L’année s’écoula sans que personne dans la parenté pût luy donner de bonnes ouvertures sur le genre de vie qu’il devoit choisir.

Le peu d’occupation qu’il trouvoit dans la maison paternelle, luy fit naître le désir de faire un tour à Paris vers le commençement du carême de l’année suivante pour y revoir ses amis, et pour y apprendre les nouvelles de l’etat et de la littérature. Il arriva dans cette grande ville sur la fin du mois de février. On commençoit à y respirer un air plus pur, et plus sain qu’on n’avoit fait depuis prés de trois ans, que la contagion l’avoit corrompu : et l’on goûtoit le repos que le Roy Loüis Xiii avoit procuré à ses peuples l’année précédente par la réduction des rebelles. Les affaires du comte palatin, les courses et les expéditions de Mansfeld, et la translation de l’electorat du palatin au Duc De Baviére déclaré electeur et archipanetier de l’empire à Ratisbonne le quinziéme de février,