Page:Baillet - La Vie de monsieur Des-Cartes, première partie.djvu/202

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qu’il contient : non seulement les plus hautes en se condensant doivent descendre, mais les plus basses même demeurant fort rares, et se trouvant comme soulevées et repoussées par cette dilatation de l’air inférieur doivent leur résister de telle maniére que souvent elles peuvent empêcher qu’il n’en tombe aucune partie jusques à terre. Le bruit qui se fait ainsi au dessus de nous doit s’entendre beaucoup mieux à cause du retentissement de l’air qui est un corps résonnant, et il doit être plus grand à raison de la neige qui tombe, que n’est celui des lavanches ou avalanches dans les Alpes. Il suffit aussi que les parties des nuées supérieures tombent toutes ensemble, ou l’une aprés l’autre, tantôt plus vîte, tantôt plus lentement ; et que les nuées inférieures soient plus ou moins grandes ou épaisses, et qu’elles résistent plus ou moins, pour nous faire comprendre d’où peut venir la différence des bruits du tonnerre.

Les mêmes observations contribuérent aussi beaucoup à luy faire remarquer en quoi consistent les différences des éclairs, des tourbillons, et de la foudre ; leur origine et leurs effets. Il ne fut pas moins exact dans les autres observations qu’il fit sur les Alpes.

C’est ce qui paroît par les instructions qu’il donna plusieurs années depuis au Pére Merselle, qui devoit faire un voyage en Italie, et qui l’avoit consulté sur la maniére de prendre la hauteur de ces montagnes.

Il lui marque dans la réponse qu’il lui fit sur la fin de l’an 1639, qu’il pourroit mesurer le Mont Cénis étant au dela de Suse dans le Piémont, parce que la plaine en est fort égale ; et qu’il ne connoissoit point de meilleure maniére pour sçavoir la hauteur des montagnes, que de les mesurer de deux stations, suivant les régles de la géométrie pratique.