Page:Baillet - La Vie de monsieur Des-Cartes, première partie.djvu/223

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d’abandonner le chemin des anciens, comme avoit fait ce chancelier. Mais quoyqu’il se fût fait une route toute nouvelle, avant que d’avoir jamais oüy parler de ce grand homme, ni de ses desseins, il paroît néanmoins que ses écrits ne luy furent pas entiérement inutiles. L’on voit en divers endroits de ses lettres qu’il ne desapprouvoit point sa méthode, et qu’il la jugeoit assez propre pour ceux qui vouloient travailler à l’avancement des sciences sur des expériences faites à leurs dépens. Quand les vûës de Bacon, qu’il n’appelle jamais autrement que verulamius ou verulamio à cause de la baronie de Vérulam qu’il possédoit avec le vicomté de Saint Albans, luy auroient été absolument inutiles, on peut dire que la devise, ou plûtôt la prophétie de ce magistrat, (…), servit beaucoup à l’encourager dans l’espérance que d’autres qui viendroient aprés luy pourroient continuer ce qu’il auroit commencé.


Nous avons pû remarquer que M Descartes ne voyoit aprés le Pére Mersenne aucun de ses amis avec plus d’assiduité que M Mydorge, qui a été le seul parmi un si grand nombre, qu’il ait appellé son prudent et fidelle ami . Aussi n’en avoit-il trouvé aucun dont la conversation luy fût plus avantageuse, et les services plus réels et plus sensibles. C’est ce qu’il éprouva particuliérement au sujet des verres que M Mydorge luy fit tailler à Paris durant les années 1627 et 1628, qu’ils joüissoient l’un de l’autre à loisir. Rien au monde ne luy fut plus utile que ces verres pour connoître et pour expliquer, comme il a fait depuis dans sa dioptrique, la nature de la lumiére, de la vision, et de la réfraction.