Page:Baillet - La Vie de monsieur Des-Cartes, première partie.djvu/269

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plusieurs autres habiles médecins de ces derniers têms ; et particuliérement par les soins que M Descartes prit de donner quelque accroissement à la médecine, dont la science n’avoit point encore paru assez heureusement cultivée jusqu’alors.

Il ne se fut pas plûtôt établi à Amsterdam que ne pouvant oublier la fin de sa philosophie, qui n’étoit autre que l’utilité du genre humain, il résolut de faire une étude sérieuse de la médecine, et de s’appliquer particuliérement à l’anatomie et à la chymie. Il s’étoit imaginé que rien n’étoit plus capable de produire la félicité temporelle de ce monde qu’une heureuse union de la médecine avec les mathématiques. Mais avant que de pouvoir contribuer au soulagement des travaux de l’homme, et à la multiplication des commoditez de la vie par la méchanique, il jugea qu’il falloit chercher les moiens de garantir le corps humain de tous les maux qui peuvent troubler sa santé, et lui ôter la force de travailler.

Il est juste de l’entendre lui-même faire le récit de ses projets sur ce sujet. Ayant acquis, dit-il, quelques notions générales touchant la physique, et commençant à les éprouver dans diverses difficultez particuliéres, j’ay remarqué jusqu’ou elles peuvent conduire, et combien elles différent des principes dont on s’est servi jusqu’à présent. Elles m’ont fait voir qu’il est possible de parvenir à des connoissances fort utiles à la vie ; et qu’au lieu de cette philosophie spéculative qu’on enseigne dans les écoles, on en peut trouver une pratique, par laquelle connoissant la force et les actions du feu, de l’eau, de l’air, des astres, des cieux, et de tous les autres corps qui nous environnent, aussi distinctement que nous connoissons les métiers divers de nos artisans, nous les pourrions employer de la même façon à tous les usages ausquels ils sont propres, et ainsi nous rendre comme maîtres et possesseurs de la nature. C’est ce qui seroit à desirer non seulement pour l’invention d’une infinité d’artifices qui nous feroient joüir sans aucune peine des fruits de la terre et de toutes les commoditez qui s’y trouvent ; mais principalement encore pour la conservation de la santé, qui est sans doute le prémier bien, et le fondement de tous les