Page:Baillet - La Vie de monsieur Des-Cartes, première partie.djvu/300

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de Wirtemberg le 27 jour de Décembre de l’an 1571, et il s’étoit fait connoître dés l’an 1595 par des ouvrages qui lui avoient attiré l’estime de Galilée et de Tyco Brahé. Il avoit particuliérement cultivé l’astronomie et l’optique : et quoi qu’il ait laissé aprés lui beaucoup de choses à découvrir ou à perfectionner, il faut avoüer néanmoins que la lecture de ses écrits n’avoit pas été inutile à M Descartes. Il avoit été professeur des mathématiques à Graecz en Styrie depuis l’an 1594, jusqu’à ce qu’en 1600 il alla demeurer en Bohéme avec Tyco Brahé ; et il fut fait mathématicien de l’empereur, à condition néanmoins qu’il ne quitteroit pas Tyco, et qu’il travailleroit sous luy. Le soin de ses appointemens l’ayant fait aller à la diéte de Ratisbonne qui se tenoit en 1630, il fut attaqué dans cette ville d’une maladie, qui l’emporta au commençement de novembre, aprés 58 ans dix mois et quelques jours de vie.

Dans ce même têms M Le Comte De Marcheville nommé par le roy pour être son ambassadeur à la porte, songeoit aux préparatifs de son voyage pour se mettre en état de partir à la fin de l’hyver. Ce comte qui n’avoit pas moins de générosité pour avancer les sciences songeoit à rendre son ambassade remarquable, sur tout par le nombre et le mérite des sçavans qu’il prétendoit mener à Constantinople et dans le levant.

M Gassendi étoit retenu pour faire le voyage, et il en avoit déja écrit à ses amis d’Allemagne et des Pays-Bas, pour leur offrir ses services dans tous les lieux où il devoit aller. Le Sieur Jean Jacques Bouchard parisien demeurant à Rome, le Sieur Holstein ou Holstenius de Hambourg chanoine du vatican, et quelques autres sçavans d’Italie se préparoient pour se joindre à l’ambassade. M De Chasteüil et le Pére Théophile Minuti minime devoient se trouver incessamment chez M De Peiresc à Beaugensier pour y attendre l’ambassadeur : et l’on ne parloit de rien moins que d’enlever à l’orient tous ses manuscrits et ses autres raretez concernant l’avancement des sciences. Le Comte De Marcheville fit pier M Descartes de vouloir bien honorer l’ambassade de sa compagnie, et le Sieur Ferrier qui cherchoit toutes les occasions de se remettre en commerce avec M Descartes se fit charger de la commission