Page:Baillet - La Vie de monsieur Des-Cartes, première partie.djvu/317

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eu tant d’égards pour la personne de Galilée, qu’elle s’étoit abstenuë de le nommer parmi les autres, s’étant contentée de condamner généralement les autres livres qui renfermoient cette doctrine. Les mathématiciens des païs étrangers, qui ne croyoient pas que le tribunal de l’inquisition portât le caractére de l’infaillibilité, et qui n’en prenoient pas les juges pour de grands astrologues, parlérent de la conduite de cette congregation avec une liberté qui fit quelque honte à Galilée. Il eut de la peine de s’être engagé si solennellement à ne plus enseigner son opinion, sur tout depuis que la congrégation par un decret de l’an 1620 eût apporté de la modification à la censure des ouvrages de Copernic, et qu’elle eût permis de supposer le mouvement de la terre et de le défendre même par hypothése, pourvû qu’on n’en voulût pas faire une vérité indubitable. C’est pourquoi il prit occasion de ce nouveau decret pour feindre qu’il vouloit défendre l’honneur de sa nation, et faire voir que ses juges n’étoient pas si peu instruits dans l’astronomie, qu’on ne dût déférer à leur jugement aussi aveuglément qu’il avoit fait. Ce fut ce qui le porta, disoit-il, à composer ses dialogues du systéme du monde selon Ptolémée et Copernic, qu’il fit imprimer à Florence l’an 1632. Le public en leur donnant son approbation n’eut pas de peine à découvrir sa ruse : et l’on crut y trouver une apologie pour son opinion contre ses juges, plûtôt qu’une défense de ses juges contre son opinion, comme il sembloit l’avoir fait espérer. Messieurs de l’inquisition ne furent pas long-têms trompez : et ayant appris qu’il y enseignoit son opinion comme auparavant, ils le citérent tout de nouveau devant leur tribunal, le renfermérent dans les prisons de l’inquisition, et le firent accuser par le procureur fiscal du saint office. Nonobstant le decret modifié de l’an 1620, il fut déclaré suspect et atteint d’hérésie touchant le mouvement de la terre et le repos du soleil, pour avoir avancé qu’on pouvoit défendre comme probable une opinion qui avoit été déclarée contraire à l’ecriture. On lui signifia qu’en conséquence il avoit encouru toutes les censures et les peines des sacrez canons, dont néanmoins on lui promit l’absolution, pourvû que d’un cœur sincére et d’une foi non feinte il abjurât et détestât devant ses juges