Page:Baillet - La Vie de monsieur Des-Cartes, première partie.djvu/319

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des conciles et des péres. Le second sembloit vouloir répondre de l’innocence de Galilée, et se rendre caution de sa foi : et dans l’incertitude où il étoit encore six mois aprés de sçavoir s’il étoit en liberté ou non, il lui écrivit une lettre de consolation le Xix de Janvier 1634 pour le fortifier contre tous les événemens de la fortune. On peut juger que M De Peiresc n’y fut pas plus insensible que les autres, aprés avoir fait éclater si hautement la joye qu’il avoit euë l’année précédente, lors qu’il vid paroître les dialogues de Galilée, et aprés avoir publiquement félicité nôtre siécle pour la connoissance du mouvement de la terre, à la faveur duquel Galilée et Gilbert avoient enfin appris au genre humain le flux et reflux de la mer, et les propriétez de l’ayman.

Mais il semble que personne n’ait paru plus surpris de cét accident que M Descartes, parce que personne n’avoit plus de vray respect et plus de soumission que luy pour le saint siége ; et que personne en même têms n’étoit peut-être plus persuadé que luy, que l’opinion du mouvement de la terre est la plus vray-semblable, et la plus commode sans préjudice à l’autorité de l’ecriture. Il ne sçavoit encore rien de cette aventure sur la fin d’octobre, lors que l’obligation de s’acquiter de la promesse qu’il avoit faite d’envoyer son monde au P Mersenne pour le jour de l’an, le fit songer à y mettre la derniére main. Il fut curieux pour cét effet de voir ce que Galilée auroit pû dire du mouvement de la terre dans son nouveau livre, et de confronter son opinion avec la sienne : et ayant écrit de Déventer où il demeuroit pour lors à ses amis de Leyde et d’Amsterdam pour faire chercher ce livre, ce fut par leurs réponses qu’il apprit la fortune du livre et la disgrace de l’auteur. Cét accident cause dans son esprit une révolution que le public auroit peine à croire, s’il en étoit informé par d’autres que lui même.

J’appréhende si fort le travail, dit-il au Pére Mersenne, que si je ne vous avois promis il y a plus de trois ans de vous envoyer mon traitté dans la fin de cette année, je ne crois pas que j’en pusses venir à bout de long-têms. Je veux faire au moins comme les mauvais payeurs, qui vont prier leurs créanciers de leur donner un peu de delay, lors qu’ils sentent approcher le terme de leur dette. En effet je m’étois proposé de