Page:Baillet - La Vie de monsieur Des-Cartes, première partie.djvu/322

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Cependant M Descartes souffroit pour Galilée dans son cœur, et s’intéressant à sa cause autant qu’aucun mathématicien catholique de France, il pria le P Mersenne de lui mander ce qu’il sçauroit de son affaire, et de son livre qu’il n’avoit encore pû trouver en Hollande. Ce pére ne manqua point de lui faire part de tout ce qu’il en apprenoit, et il luy envoya un petit abrégé de ce que contenoit son livre du systéme du monde, en lui donnant avis qu’il y avoit un ecclésiastique de sa connoissance dans Paris, qui nonobstant le decret de l’inquisition ne laissoit pas de faire imprimer un traitté exprés pour prouver le mouvement de la terre. M Descartes parut surpris de cette liberté dans un prêtre, quoi qu’il sçût assez que le clergé de France n’est pas plus justiciable de l’inquisition que les laïcs du royaume, où ce tribunal n’est point reconnu. Il s’offrit de le servir dans son travail et de lui donner quelques avis : et l’ecclésiastique accepta ces offres avec joye. Mais M Descartes ayant vû depuis un manifeste ou une relation de la condamnation de Galilée imprimée à Liége le Xx de Septembre 1633, où étoient ces mots (…) ; et jugeant que l’intention de messieurs de l’inquisition étoit de deffendre qu’on se servît même de cette hypothése dans l’astronomie, nonobstant la permission qu’ils en avoient donnée en 1620, changea de résolution à l’égard de cét ecclésiastique. Il ne le crût pas en sûreté même au milieu de Paris, de quelque maniére qu’il entreprît