Page:Baillet - La Vie de monsieur Des-Cartes, première partie.djvu/357

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civile ; mais lui apprendre seulement à découvrir certaines véritez par la seule lumiére naturelle. On prétend neanmoins que ce peu qu’il a donné, mérite mieux le nom de logique ou d’entrée à la philosophie et à toutes les autres sciences, que l’organe d’Aristote, parce que cela est plus simple et moins métaphysique, et que cela paroît plus propre à des esprits qui ne sont encore prévenus d’aucune connoissance. Mais ce que M Descartes s’étoit contenté d’ébaucher, a été depuis porté à sa perfection par ses disciples : et aprés ce que Clauberg professeur de Duysbourg en Allemagne, et principalement l’auteur de l’art de penser en France ont publié sur ce sujet, il n’est plus permis de se plaindre que la philosophie de M Descartes soit destituée d’une logique réguliére et méthodique.

Je laisse trés-volontiers aux sectateurs de nôtre philosophe le soin de nous faire voir les avantages de sa méthode au dessus de l’organe d’Aristote, et de toutes les autres logiques. On n’a point eu jusqu’ici grand sujet de les accuser de négligence sur ce point.

Mais il faut avoüer que ce que ses adversaires y ont reconnu de singulier et d’excellent mérite encore plus d’attention. Ils conviennent entre-eux que ce que M Descartes propose dans ce discours n’est pas mal imaginé ; et qu’encore que cela soit nouveau, il n’y paroît rien d’odieux, ni rien qui rebute nôtre esprit.

Ils reconnoissent que pas un des modernes n’a mieux rêvé que luy, et qu’on y trouve une profondeur de méditation qui luy est particuliére. S’ils se partagent dans leurs opinions, c’est pour dire avec H Moore, qu’il y fait voir une modestie d’esprit qui le rend aimable, et une grandeur d’ame qui le fait admirer : ou avec le P Rapin, qu’on y trouve des traits de sincérité qui découvrent le véritable fonds de son esprit, sur tout dans les endroits semblables à celui où il dit que l’on n’acquiert par la philosophie que le moien de parler vray-semblablement de toutes choses, et de se faire admirer par les moins sçavans.

Les défauts de ce traité sont peut être les mêmes que ceux qu’on a coûtume de remarquer dans les ouvrages que les auteurs n’ont faits d’abord que pour eux-mêmes, et qui ne doivent leur publication qu’au hazard. Car il est bon d’avertir ceux qui ont soupçonné