Page:Baillet - La Vie de monsieur Des-Cartes, première partie.djvu/362

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s l’effet qu’il en avoit espéré. Cét effet n’étoit autre que la persuasion qu’il prétendoit donner à tout le monde de la différence totale qui se trouvoit entre sa maniére de philosopher, et celle qui étoit en usage dans les écoles. En quoi l’on peut dire qu’il a rencontré moins d’adversaires pour ses météores que pour tous ses autres ouvrages.

Le derniér des essais de sa méthode qu’il voulût donner pour lors au public est son traité de géométrie

qui comprend trois livres, où il s’agit principalement de la construction des problémes. Le dessein de l’auteur dans cét ouvrage étoit de faire voir par voye de démonstration qu’il avoit trouvé beaucoup de choses qui avoient été ignorées avant luy, et d’insinuer en même têms qu’on en pouvoit découvrir encore beaucoup d’autres, afin d’exciter plus efficacement tous les hommes à la recherche de la vérité. Il ne s’étoit pas résolu d’abord à rien publier de sa géométrie parmi les essais de sa méthode, et l’on commençoit déja l’impression de ses météores, lors qu’il s’avisa d’y travailler. Les plus habiles mathématiciens n’ont pû se persuader que ce fût un ouvrage fait à la hâte : mais il n’a point voulu que nous doutassions de ce fait aprés avoir écrit à un pére jésuite en ces termes. Ma géométrie est un traité que je n’ay presque composé que pendant qu’on imprimoit mes météores, et même j’en ay inventé une partie pendant ce têms-là. Mais je n’ay pas laissé de m’y satisfaire autant et plus que je ne me satisfais d’ordinaire de ce que j’écris. On se tromperoit au reste de croire que M Descartes eût eu intention de donner les élémens de la géométrie dans cét ouvrage, qui demande d’autres lecteurs que des écoliers en mathématiques. Il s’étoit étudié dans les trois traitez qui précédent celuy-cy, à se rendre intelligible à tout le monde, parce qu’il étoit question de faire comprendre des choses qui n’avoient pas encore été enseignées, ou dont on n’avoit pas encore donné les véritables principes. Mais voyant qu’il s’étoit fait avant luy beaucoup d’ouvrages de géométrie, ausquels il ne trouvoit rien à redire, il ne crût pas devoir répéter dans son traité ce qu’il avoit vû de bon et de fort bien démontré dans les autres. Loin de vouloir les rendre