Page:Baillet - La Vie de monsieur Des-Cartes, première partie.djvu/368

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

et je me mocque de ce qu’ils disent. Les constructions et les demonstrations de toutes les choses les plus difficiles y sont : mais j’ay omis les plus faciles, afin que leurs semblables n’y pussent mordre. Mais il n’avoit peut-être consulté que ses ressentimens dans le jugement qu’il porta depuis sur l’habileté de ceux qui trouvérent à redire à sa géométrie. Il n’auroit sans doute osé dire à un autre qu’au P Mersenne à qui il découvroit toutes ses foiblesses, qu’il ne croyoit aucun de ses adversaires capable d’apprendre en toute sa vie tout ce qu’elle contient, pourvû qu’il ne fût pas plus habile que M De Roberval. Il avoit pris des sûretez et des mesures suffisantes pour ne pouvoir être surpris ny convaincu dans son jugement et dans sa prédiction. C’est ce qui a paru par la maniére dont il a traité la fameuse question de Pappus mathématicien d’Aléxandrie, vivant du têms de Théodose l’ancien, à laquelle il avoit témoigné quatre ans auparavant avoir employé cinq ou six semaines pour en trouver la solution. La solution de cette question, qui demande un homme consommé dans l’analyse des anciens et dans l’algébre des modernes avoit été tentée par Euclide, et poursuivie par Apollonius, sans que ny Euclide, ny Apollonius, ny aucun des mathématiciens jusqu’à Pappus, ny enfin ceux qui avoient paru dans le monde depuis Pappus jusqu’à M Descartes fussent venus à bout de l’achever. Il ne crut pas devoir prodiguer au public la découverte qu’il en avoit faite, pour ne pas donner lieu aux mathématiciens de Paris qui luy portoient envie, de luy ravir ce petit honneur, et de se vanter aprés qu’ils la luy auroient dûë, de l’avoir apprise d’ailleurs, et dés auparavant, indépendemment de luy. Le bon de cette affaire, dit-il, touchant cette question de Pappus est, que je n’en ay mis que la construction et la démonstration, sans en mettre toute l’analyse, laquelle ces messieurs s’imaginent que j’ay mise seule, en quoy ils témoignent qu’ils l’entendent bien peu. Mais ce qui les trompe, c’est que j’en fais la construction comme les architectes font les bâtimens, en prescrivant seulement tout ce qu’il faut faire, et laissant le travail des mains aux charpentiers et aux massons. Ils ne connoissent pas aussi ma démonstration, à cause que j’y parle par A, B : ce