Page:Baillet - La Vie de monsieur Des-Cartes, première partie.djvu/386

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

qui a été entre luy et moy ne méritoit pas que vous en eussiez connoissance : et il ne peut y avoir eû si peu de fautes dans la copie que vous en avez vûë, que ce n’ait été assez pour défigurer entiérement ce que vous y eussiez pû trouver de moins desagréable. Au reste, cette dispute s’est passée entre luy et moy comme un jeu d’échecs. Nous sommes demeurez bons amis aprés la partie achevée, et nous ne nous renvoyons plus l’un à l’autre que des complimens.

M Descartes ne fit pas moins de cas des objections que Plempius luy avoit faites sur le mouvement du cœur. Elles contenoient selon luy tout ce qu’on pouvoit luy objecter raisonnablement sur cette matiére : et parcequ’il les luy avoit faites comme un amy pour mieux découvrir la vérité , et dans un dessein sincére de s’instruire, il crut devoir luy répondre du même stile qu’il luy avoit écrit, et la chose fut terminée alors à la satisfaction de l’un et de l’autre.

En effet, M Descartes contoit alors Plempius parmy l’un de ses meilleurs amis, et Plempius ne dissimuloit à personne l’honneur et l’avantage qu’il croyoit recevoir de cette amitié. Il étoit natif d’Amsterdam, et s’appelloit Vopiscus Fortunatus de son nom de batême. Il étoit de cinq ans et prés de neuf mois plus jeune que M Descartes, à qui il survéquit prés de Xxii ans. Il avoit fait la plus grande partie de ses études aux Païs-Bas catholiques, et en Italie ; et s’étoit fait passer docteur en médecine à Boulogne.

Etant revenu dans le païs, il exerçoit la médecine à Amsterdam, lorsqu’en 1633 il fut appellé par l’infante Isabelle gouvernante des Païs-Bas espagnols, pour professer cette science à Louvain dans une chaire de l’université. L’amitié qu’il avoit pour M Descartes étoit plus ancienne que celle de Fromond : aussi sembla-t-elle finir plûtôt. Nous verrons au moins dans la suite de cette histoire, que Plempius y causa de l’altération quelques années aprés.

Il n’eût pas plûtôt lû le livre de M Descartes, qu’il voulut procurer à d’autres la satisfaction qu’il en avoit reçûë. Ce fut dans cette vûë qu’il préta le livre au Pére Ciermans qui enseignoit actuellement les mathématiques dans le collége des jésuites à Louvain.

Ce pére qui avoit pris sa naissance à Bosleduc