Page:Baillet - La Vie de monsieur Des-Cartes, première partie.djvu/389

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de plus caché dans la nature. On y trouve un éloge particulier du traité de géométrie dont il prétend que l’excellence seule ne manqueroit point d’acquérir une gloire immortelle à son auteur. Cét ouvrage, à son avis, méritoit d’être mis en un volume à part, au lieu d’être rejetté sur la fin d’un livre, en quoy il se plaignoit que M Descartes ne luy avoit pas rendu justice. Il croyoit qu’il auroit été plus à propos de luy faire porter le nom de mathématiques pures , que celuy de géométrie , parceque les choses que contient ce traité n’appartiennent pas davantage à la géométrie qu’à l’arithmétique, et aux autres parties des mathématiques. Il dit que les autres traitez sont remplis d’une infinité de trés-belles choses qui se recommandent assez d’elles-mêmes, et qui n’ont besoin de l’approbation de personne pour faire connoître la grandeur de leur prix ; que de toutes les autres matiéres même qui y paroissent sujettes à plus de dispute, et à une diversité d’opinions plus grande, il n’y en a point trouvé une qui ne fût digne d’une loüange trés-particuliére, tant pour la beauté de l’invention, que pour la nouveauté des raisons dont il se sert pour les expliquer et les éclaircir. Il y avoit remarqué neanmoins quelques endroits où il auroit souhaité un peu plus de vérité, ou du moins plus de lumiére pour la reconnoître. Pour luy en indiquer quelqu’un il avoit choisi le discours de l’arc-en-ciel, qui est l’endroit où il luy sembloit avoir fait paroître le plus d’esprit, et sur lequel il vouloit luy faire quelques objections. Il finit son écrit en exhortant M Descartes de tout son possible à ne se point lasser de donner au public de têms en têms quelques nouveaux témoignages de la beauté de son esprit. M Descartes satisfit ce pére, tant sur les couleurs de l’arc-en-ciel, que sur le titre de son traité de géométrie : et il luy promit tous les éclaircissemens qui dépendroient de luy, s’il luy faisoit la faveur de luy proposer les autres difficultez qu’il trouveroit dans ses écrits.

Hlivre 4 chapitre 6