Page:Baillet - La Vie de monsieur Des-Cartes, première partie.djvu/413

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de les faire voir à tous ceux qui en auroient la curiosité, mais particuliérement à M Des Argues, s’il en vouloit prendre la peine.

Mais il jugeoit qu’il étoit trés-important qu’on ne vid point un papier sans l’autre ; et il auroit souhaité pour cela que toutes ces piéces fussent écrites de suite en un même cahier. Il renvoya à ce pére dans le même pacquet la copie du traité de M De Fermat, de locis planis et solidis, qu’on luy redemandoit sans avoir eu la commodité de le lire : et il le pria de retenir une autrefois des copies de tout ce qu’il luy envoyeroit en Hollande, ou qu’il souhaiteroit qu’on luy renvoiât.

M Mydorge ne tarda point à remettre entre les mains du P Mersenne l’original de la réponse que M Descartes avoit faite à l’écrit de Messieurs Pascal et De Roberval au sujet du traité de maximis et minimis

et ce pére la porta aussi-tôt à M De

Roberval, au collége de maître Gervais. Celuy-cy sans laisser rallentir la chaleur où l’avoit mis la lecture de cette réponse composa incontinent une replique sous le nom des deux amis de M De Fermat, c’est-à-dire de M Pascal, et du sien. C’est un nom qu’ils avoient légitimement acquis par le prémier service qu’ils avoient rendu à M De Fermat, qu’ils prétendoient n’avoir connu jusques-là que de réputation, non plus que M Descartes. Mais il falloit que M De Roberval imposât à M Pascal, ou qu’il eût parole de luy pour continuer la dispute de M De Fermat en son nom contre M Descartes. M Pascal, n’étoit plus à Paris pour lors : et M De Roberval eut assez de bonne foy pour marquer son absence en souscrivant seul à leur replique commune. M Pascal ne put point avoir dans la suite beaucoup de part à ce différent. Il s’étoit crû obligé depuis quelques jours de s’éloigner de la ville, et de se retirer loin du commerce public, de peur que sa présence n’irritât quelques puissances offensées, et qu’elle ne les portât à faire quelque chose au préjudice de sa liberté. La disgrace où il croyoit être tombé n’étoit que la suite de celle de l’un de ses intimes amis qui avoit été arrêté et conduit à la Bastille pour quelques troubles excitez à l’hôtel de ville. M Pascal persuadé de la droiture du cœur de son amy avoit remarqué qu’il y avoit plus de malheur que de crime dans la maniére dont il avoit donné