Page:Baillet - La Vie de monsieur Des-Cartes, première partie.djvu/443

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la roulette. Il ne fut pas trompé. M De Roberval démontra que l’espace de la roulette est triple de la rouë qui la forme : et il s’avisa pour lors de l’appeller en latin trochoïdes plûtôt que rotula , d’un nom tiré du grec correspondant au mot françois de roulette . Il fit connoître au Pére Mersenne que la question étoit résoluë : et il luy déclara même cette raison triple , en exigeant néanmoins de luy qu’il la tiendroit sécréte pendant l’espace d’un an qu’il prendroit pour proposer de nouveau cette question à tous les géométres. Le pére ravi de ce succés, leur écrivit à tous, si nous en croyons M Pascal, et il les pressa d’y penser tout de nouveau, en leur déclarant que M De Roberval l’avoit résoluë sans leur dire comment. L’année et plus, selon le même auteur, se passa, sans qu’aucun en eût trouvé la solution. Le P Mersenne leur écrivit pour la troisiéme fois en 1635, et il leur découvrit alors que la raison de la roulette à la rouë étoit comme trois à un. Avec ce nouveau secours, continuë M Pascal, il s’en trouva deux qui en donnérent la démonstration. Le P Mersenne reçût leurs solutions presque en même têms, l’une de M De Fermat conseiller au parlement de Toulouse, l’autre de M Descartes, toutes deux différentes l’une de l’autre, et encore de celle de M De Roberval. De telle sorte néanmoins qu’en les considérant toutes trois ensemble, il n’étoit pas difficile de reconnoître quelle étoit celle du véritable auteur, c’est-à-dire de M De Roberval, qui avoit le prémier donné la solution du probléme. Car la démonstration de M De Roberval avoit un caractére tout particulier pour se faire distinguer des deux autres : elle étoit prise par une voye si belle et si simple, qu’il étoit aisé de voir que c’étoit la naturelle. Ce fut en effet par cette même voye que M De Roberval arriva depuis à des dimensions bien plus difficiles sur ce sujet, à quoy ny la méthode de M De Fermat ny celle de M Descartes n’ont pû servir.

Ce récit paroît si bien circonstancié, et il nous est venu de la part d’un auteur d’un si grand nom, qu’il semble qu’il ne nous resteroit plus rien à examiner touchant la vérité de ce fait, principalement aprés M Pascal, qu’on devroit supposer en avoir été le mieux informé des hommes, et qui