Page:Baillet - La Vie de monsieur Des-Cartes, première partie.djvu/452

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De Fermat, et de M Descartes, c’est-à-dire de trois personnes assez indifférentes pour leurs propres compositions, et qui n’auroient pas fait difficulté de luy en faire présent, s’il s’étoit humilié jusqu’à les leur demander, sans en excepter même M Descartes, quoi qu’il l’eût offensé mal à propos en diverses rencontres.

Depuis ce têms-là, M Descartes n’eut pas grande part à tout ce qui se passa touchant la roulette, si l’on en excepte les occasions qu’il a euës d’en discourir avec le P Mersenne en particulier, et avec M Carcavi aprés la mort de ce pére. Dés la fin du mois de septembre, il avoit tâché de s’en débarrasser pour une bonne fois ; et sans prétendre rien à la gloire de cette invention qu’il laissoit de bon cœur à M De Roberval pour s’appliquer à d’autres choses, il écrivit au P Mersenne pour s’en désister. C’est ce qu’il fit en témoignant qu’il étoit dégoûté d’ailleurs de toutes les maniéres de M De Roberval, et sur tout de sa façon favorite de conclurre ad absurdum , qu’il pratiquoit le plus qu’il luy étoit possible, parce qu’il l’estimoit plus subtile que l’autre. En quoi M Descartes sembloit taxer son mauvais goût, alléguant que cette maniére de philosopher n’avoit été pratiquée par Apollonius et par Archiméde, que lors qu’ils n’avoient pû donner de meilleures démonstrations. Au reste, dit-il au P Mersenne, M De Roberval n’a eu besoin d’aucune industrie pour trouver la figure de la roulette, puis que je luy en avois envoyé la définition. Et son écrit ne sert qu’à me faire connoître qu’ils l’ont fort examinée, et qu’ils ont travaillé long têms avant que d’en pouvoir trouver la tangente. Car il y a six ou sept mois que je la leur avois proposée, et ils n’ont commencé à en parler que depuis un mois. Mais je vous prie de ne me plus broüiller avec M De Roberval.