Page:Baillet - La Vie de monsieur Des-Cartes, première partie.djvu/78

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qu’on en voulût tirer pour la reputation de la famille, on peut dire que si ce n’étoit le merite des vivans qui la soûtiennent avec honneur, il n’y auroit plus gueres aujourd’huy que la consideration de nôtre philosophe qui fût en état de faire revivre ces anciens dans la posterité, et de rendre leur nom immortel. Il suffit de dire pour en faire remarquer la noblesse, que l’on n’y a jamais apperçu de mes-alliance ; et pour en faire sentir l’antiquité, que l’on ne l’a point encore pû fixer par aucune datte d’annoblissement qui en ait montré la source.

Il y avoit encore en Touraine une autre branche de l’ancienne maison de Descartes ou Des Quartes, qui se trouva transformée par les alliances dans des familles étrangeres du temps de Henry Second. Cette branche s’étoit divisée sous le regne de Charles Vii en aînez qui sçurent se maintenir noblement jusqu’à la fin, hantant les ban et arriere-ban sans avoir jamais derogé à leur état  ; et en puisnez qui tomberent dans la pauvreté, et qui furent obligez d’entrer dans le negoce pour subsister. De ces derniers étoit venu un medecin de Châtelleraut en Poictou nommé Pierre Descartes, qui du tems de François I soûtint un procez à la cour des aydes de Paris contre les elûs de cette ville, qui prétendoient le mettre à la taille. Il fut rétabli par la cour dans tous les droits de sa noblesse, aprés avoir fidellement representé sa genéalogie par generations non interrompuës jusqu’au roy Charles Cinquiéme. Mais la branche des uns et des autres s’étant separée de celle de M Descartes le philosophe dés le tems de Philippes De Valois, je les ay jugez trop éloignez de luy, et trop indifferens à nôtre sujet, pour en rapporter icy les noms et les qualitez.

Voions maintenant l’état où étoit la famille de M Descartes au temps de sa naissance. Son pere Joachim fils unique de Pierre se trouvant au bout de ses études, n’avoit point témoigné vouloir se déterminer à la profession des armes, soit qu’on luy eût fait sentir que la noblesse françoise étoit fatiguée, épuisée, et à demi ruinée par les guerres civiles et étrangeres, soit que l’exemple de son pere luy fit connoître que la tranquillité de la vie étoit le moyen le plus seur pour conserver son bien. Mais l’aversion qu’il avoit pour l’oisiveté jointe à l’obligation de se determiner à un ge