Page:Baillet - La Vie de monsieur Des-Cartes, première partie.djvu/88

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anté qu’il avoit apportée en venant au monde. Il avoit hérité de sa mére une toux séche, et une couleur pâle qu’il a gardée jusqu’à l’ âge de plus de vingt ans, et tous les médecins qui le voioient avant ce temps là, le condamnoient à mourir jeune. Mais parmi ces prémiéres disgraces il reçeut un avantage dont il s’est souvenu toute sa vie : c’est celui d’avoir été confié à une nourrisse qui n’oublia rien de ce que ses devoirs pouvoient exiger d’elle. Il en eut toute la reconnoissance imaginable : et jamais nourrisson ne fut plus généreux que lui, puis qu’il pourvut à sa subsistance par une pension viagére qu’il lui créa sur son bien, et qu’il lui fit payer exactement jusqu’à la mort.

Son pére avoit ménagé jusqu’alors les stations diverses de sa demeure de telle sorte, que les six mois de l’année qui lui restoient libre de l’éxercice de sa charge, étoient destinez pour la ville de Poitiers où il se retiroit volontiers auprés de son beau-pere, sur tout dans les prémieres années de son mariage.

Neanmoins il ne s’étoit pas tellement assujetti à cette coûtume, qu’il ne se donnât la liberté d’aller jouir des plaisirs de la campagne, tantôt à sa terre Du Perron, tantôt à La Haye en Touraine, dont la seigneurie étoit alors partagée entre la maison de Sainte Maure et celle de Descartes. Mais la mort de sa femme contribua beaucoup à le détacher des habitudes qu’il avoit en Poitou, et des inclinations qu’il sentoit pour la Touraine. Elle le fit songer à de nouveaux établissemens qu’il se procura quelque temps aprés dans la Bretagne, où il fixa le reste de sa vie par un nouveau mariage qu’il y contracta.

La femme qu’il épousa en secondes nopces étoit fille du prémier président de la chambre des comptes de la province, et elle s’appelloit Anne Morin. Il en eut encore deux enfans, un garçon et une fille qui sont parvenus à une maturité d’ âge, et qui ont contribué à la multiplication de la famille. Le garçon qui étoit l’aîné, portoit le nom du pére. Il fut Seigneur De Chavagnes paroisse de Sucé au diocése de Nantes, et conseiller au parlement de Brétagne, de même que l’aîné du premier lit. Il eut plusieurs enfans de Marguerite Du Pont fille de M Du Pont president de la chambre des