Page:Baillet - La Vie de monsieur Des-Cartes, première partie.djvu/94

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ce bas-âge que les faits remarquables, et principalement les événemens extraordinaires des histoires relévent l’esprit : et qu’elles aident à former le jugement, lorsqu’elles sont luës avec discretion.

Pour récompense de la fidélité et de l’éxactitude avec laquelle il s’acquittoit de ses devoirs, il obtint de ses maîtres la liberté de ne s’en pas tenir aux lectures, et aux compositions qui luy étoient communes avec les autres. Il voulut employer cette liberté à satisfaire la passion qu’il sentoit croître en luy avec son âge et le progrez de ses études, pour acquerir la connoissance claire et assurée de tout ce qui est utile à la vie, qu’on luy avoit fait espérer par le moyen des belles lettres. C’est sur sa parole qu’il faut croire que non content de ce qui s’enseignoit dans le collége, il avoit parcouru tous les livres qui traitent des sciences qu’on estime les plus curieuses, et les plus rares. Ce qui ne doit s’entendre que de ce qui put alors luy tomber entre les mains. J’ajoûteray, pour desabuser ceux qui l’ont soupçonné dans la suite de sa vie, d’avoir peu d’inclination ou d’estime pour les livres, que nous trouvons peu de sentimens plus avantageux que ceux qu’il en avoit dés ce tems-là. Il s’étoit persuadé que la lecture de tous les bons livres est comme une conversation avec les plus honnêtes gens des siécles passez qui en ont été les auteurs, mais une conversation étudiée, en laquelle ils ne nous découvrent que les meilleures de leurs pensées.


On met parmi les avantages du séjour des colléges, les occasions qui s’y présentent de se lier les uns aux autres par des connoissances et des habitudes que l’on contracte avec ceux qui sont en societé de vie et d’études dans un même