Page:Baillon - Le Perce-oreille du Luxembourg, 1928.djvu/111

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haut en bas, chiffres de gauche à droite, ce sacré total qui n’acceptait pas toujours de tomber juste, plus moyen de rêver. Je vis pourtant beaucoup de choses dans les bureaux de M. le Percepteur.

Et d’abord, j’y vis M. le Percepteur lui-même. Il est bien sûr qu’il était pourvu de la quantité nécessaire de cheveux, de dents, de doigts, dont il se servait dans le privé à la façon de tout le monde. Une fois derrière son pupitre, il devenait une machine. Sa femme elle-même, se fût présentée, qu’elle eût été, je crois, comme les autres : un contribuable. Ces contribuables se partageaient en deux classes : les uns qui réglaient leur compte et c’était bien ; les autres qui se faisaient tirer l’oreille et c’était mal. Il connaissait pourtant quelques êtres d’exception, non contribuables, qu’il dénommait : les Contrôleurs. Vis-à-vis des contrôleurs, il était un peu pleutre. Il nous répétait :

— Ils m’en veulent et cherchent à me casser. Je compte sur vous, mes amis, évitons les erreurs : nous marchons la main dans la main.

Cela me faisait sourire. Je ne me voyais pas du tout marcher la main dans la main de ce bonhomme.

Après le Percepteur, il y avait son premier commis, M. Poncin.