Page:Baillon - Le Perce-oreille du Luxembourg, 1928.djvu/224

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geuses tourbillonnaient dans ma tête et s’y cognaient. Avec quelle facilité on m’avait laissé partir : un homme saoul. Non pas saoul : seul. Tiapa dodo ! Tiapa fais dodo ! Et ce clin d’œil ! Évidemment, ma chanson qu’est-ce qu’elle pouvait leur faire ? Je chantais bien pourtant, de tout mon cœur. Tiapa, fais dodo… Tiapa. Elle les avait excités à point et bonsoir ! Ils étaient maintenant aux bras l’un de l’autre. Tiapa fais dodo.

— Eh ! tu es jaloux.

Je reconnus certaine petite voix, celle qui m’avait nargué pendant l’enterrement de Charles. Je haussai les épaules. Jaloux moi ? De ces gens ? Des joues à la vanille, des lèvres au sucre de raisin…

— Eh ! eh ! tu les appréciais. Si tu étais amoureux de…

Je me vis dans une glace ; j’avais les yeux pâmés de l’autre. Pouah ! amoureux de cette poupée ! Si j’étais amoureux de quelqu’un, ce serait de… Eh ! non, je n’avais le droit d’être amoureux de personne. J’étais un homme seul qui ne compte pas, qu’on pousse comme cela à la blague dans les bras d’une fiancée, parce qu’on n’a rien à craindre d’une bourrique. Ah ! charogne de chair qui a des exigences et, quand on les écoute, se dérobe. Bourrique ! bourrique !