Page:Baillon - Le Perce-oreille du Luxembourg, 1928.djvu/68

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— Oui mais voilà ! L’homme sait que le Velu n’aime pas qu’on lui présente quelque chose sous le museau.

— Pourquoi, mon oncle ?

— Cela le fait loucher ou l’empêche de réfléchir. Alors l’homme lui met sous le nez le bout d’un bâton. L’ours l’écarte (l’oncle l’écartait). L’homme le représente, l’ours l’écarte de nouveau. Cette escrime dure quelques secondes, puis on jette là le bâton et…

Je savais : en plus du bâton, l’homme portait un couteau. Cela finissait mal pour le Velu.

— Et quand il vient voler le miel, mon oncle ?

L’oncle montrait un pin :

— Tu vois ! Le miel est là dans la ruche, tout en haut de l’arbre. « J’ai mes crochets », dit l’ours. Zzzt ! zzt ! les abeilles se fâchent : « Chacun chez soi, monsieur l’ours. Gare à nos dards ! » — « J’ai ma pelisse » dit l’ours. Il grimpe ; il prépare sa langue et tu sais, comme cuiller, c’est bien fait une langue d’ours. Eh ! qu’est-ce cela ? Devant la ruche, un bloc de bois pend au bout d’une corde : sans doute une farce des hommes. D’un coup de patte, l’ours l’envoie voler, puis il tend sa cuiller. Oui mais voilà ! quand le bloc a fini de monter, il descend et pan ! sur