Page:Baillon - Le Perce-oreille du Luxembourg, 1928.djvu/88

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« Le diable, mes enfants. L’œuvre de la chair… » Non, non. Cette main sur ma poitrine interrogeait : « À qui ce cœur qui bat si fort ? » Varetchka n’était pas de ces femmes de chambre, pas de ces fillettes avec qui l’on pense au péché de la chair. Elle était la reine, oui une reine, deux tresses blondes sur le dos, les yeux jamais noirs, éternellement bleus. Et pure ! Comme sur l’image. Cette image naturellement était devenue l’emblème sacré. Elle occupait la belle place au mur au-dessus de mon lit. Mes parents ne devinaient certes pas pourquoi, en m’en allant, je la couvrais d’un voile.

Je vous entends, M. le lecteur improbable. Une fessée, une bonne fessée m’eût ramené de plain-pied sur la terre où sont les petits Marcel qui étudient les cubes et les roues. Est-ce bien sûr ? Cette fessée, je l’eusse acceptée avec joie et pas à la façon de Jean-Jacques Rousseau. Souffrir pour ma reine ! Sans le savoir, ne cherchais-je pas avant tout ce qui pouvait me rendre triste ? Au milieu de mes souvenirs, j’ouvrais mon atlas à la carte de France. Varia là, ici Paris, cela tenait entre le pouce et l’index. Je comptais les villes, celles que l’on brûlait en pleine vitesse, celles où l’on s’arrêtait, celles où l’on mangeait, tous ces champs, ces montagnes, un voyage