Westmalle en révolte, sur le pas de sa porte, il attend que ça cuise.
— Eh bien ? s’informe Benooi.
— Peuh ! il a de moins belles joues que Cordula.
— Ça !… fait Benooi.
ans sa cour, sous la vigne, Mélanie égrappe des raisins. Elle ne connaît qu’une façon d’en manger : les faire cuire dans la soupe.
Une première fois, je me suis étonné ; elle m’a dit : « Venez donc en goûter » ; et comme j’ai déclaré cette soupe excellente, jusqu’à la fin de sa vie elle se croit obligée.
Soupe ou légumes, ce que Mélanie prépare n’est jamais compliqué. Sa marmite à la crémaillère, ses raisins là dedans, elle y vide, au jugé, un paquet de sucre, flanque-par là-dessus un gros seau de son puits, arrange en dessous ce qu’il faut de bois pour que ça flambe jusqu’à midi, puis elle s’en va à d’autres affaires.
Qu’après cela, la soupe brûle ou que le feu s’éteigne : « Ils n’avaient qu’à s’entendre, » pensera Mélanie.
Quand j’arrive avec Marie, Vader, qui a toujours faim, a déjà faim sur sa chaise. Les garçons sont aux champs ; Trees, la servante, dispose les assiettes. Comme nous sommes invités, elle écarte la table du mur pour nous faire de la place :
— Ah ! Monsieur. Ah ! Madame…
C’est tout.
À la vérité, la pièce où l’on dîne, n’est pas très luxueuse. Il y fait noir, ça sent la vache, on y voit le morceau de miroir qui sert à Mélanie, le matin, quand elle se démêle les cheveux, et devant l’âtre il serait difficile de dire : « Celles-ci sont les mar-