des sapins, tantôt par des bruyères, tantôt le long des mares. Je me fatigue parce que c’est du sable. Je rencontre quelqu’un :
— Voulez-vous me dire où je me trouve ?
— Westmalle, Monsieur.
Je file d’un autre côté, à droite ou bien à gauche. Je vois de nouvelles mares, de nouvelles bruyères, de nouveaux sapins, toujours pendant des heures, à travers le même sable. Puis un autre quelqu’un :
— Voulez-vous me dire où je me trouve ici ?
— Westmalle, Monsieur.
— Et là-bas, au bout, ce moulin ?
— Westmalle, Monsieur.
— Et tout, tout là-bas, ce petit arbre ?
— Ce n’est pas un arbre, Monsieur, c’est une église ; là finit Westmalle. Mais il faut des jambes.
Si Westmalle était bâti, ce serait une grande ville. Heureusement, il n’y a pas de maisons : il n’y a que des fermes. Et encore s’arrangent-elles comme les insectes qui ont pris la couleur de la bruyère. Où elles se terrent, on ne les voit pas.
Il y a cependant le village, avec la maison du docteur et celle d’un rentier.
Il y a l’église et son clocher ; le couvent des trappistes ; la grange où discutent les conseillers de la commune.
Il y a la vieille route : deux ornières entre des genêts ; puis la nouvelle, pavée, sous de hauts chênes, qui marchent en rang, deux par deux, en se tenant par les branches.
Il y a un petit train qui court tout le long, six fois le jour, sans doute pour marquer l’heure.
Il y a tout de même quelques hommes : il y a moi, le facteur sur sa bicyclette, un religieux dans sa vigne, un paysan dans son champ. Puis il y a des femmes ; des femmes qui ramassent du bois, des femmes qui font bouillir les marmites, des femmes qui crient « Oooh ! » dans l’étable en trayant leurs vaches.
— Il y a aussi, me dit l’instituteur, beaucoup d’ozone dans l’atmosphère.
Je n’ai pas répondu « Merde » à ce chimiste.