Page:Baillon - Moi quelque part, 1920.djvu/57

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chapeaux, qui étaient bons chez lui, mais que le sable d’ici rend après des années tels qu’il les a reçus. Cela fait pousser beaucoup de mauvaises herbes.

Les paysans en riraient, mais il y a autre chose.

Venu de si loin, « Mocheu » a des opinions. « Mocheu » ne va jamais à la messe. « Mocheu » ne fait jamais ses Pâques, « Mocheu » n’entre jamais à l’église : il est sorcier.

Vader le sait : il a la preuve.

— Il venait d’arriver, raconte Vader, quand un incendie éclate dans les écuries de Mocheu. Un incendie, ça n’est déjà pas naturel. Dans l’écurie, il y avait deux chevaux. Une première fois, Mocheu se jette et ramène un cheval, une seconde fois il retourne et ramène l’autre cheval. Eh bien, le croiriez-vous, à traverser ainsi deux fois les flammes, pas un seul, entendez-vous, pas un seul de ses cheveux n’avait été touché.

Comment s’étonner après cela s’il pousse dans les champs de « Mocheu » plus d’orties que de seigle ?

Pourtant l’incroyance de « Mocheu » est bonne à quelque chose.

Quand un gars se présente comme valet, à la ferme des Trappistes et qu’on fasse mine d’hésiter :

— Je me présenterai chez Mocheu, dit le gars.

— Restez, dit le frère.

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