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mèrent le domaine royal[1]. Le produit de ces biens était destiné à l’entretien du prince et de sa maison. Suivant l’usage que les Francs tenaient des Germains leurs ancêtres, nos premiers rois recevaient encore les dons, purement volontaires dans l’origine, que leur accordaient les leudes ou fidèles, dans les assemblées annuelles, qui se tenaient au mois de mars d’abord, et qui furent remises au mois de mai, lorsque l’usage de la cavalerie commença à s’introduire parmi les Français[2]. Ces dons consistaient en troupeaux, en argent, en chevaux, en armes et autres objets précieux. On traitait dans ces assemblées générales de tout ce qui pouvait intéresser le gouvernement et la nation, de la paix et de la guerre, de la justice et des finances. Les affaires ordinaires étaient décidées par le prince, et les plus importantes par le peuple assemblé, devant lequel cependant on ne les portait qu’après qu’elles avaient été discutées dans le conseil des chefs[3].

Une autre branche considérable des revenus du prince consistait dans les confiscations et dans le fredum, ou

  1. Ordonnances du Louvre, t. 15, préface, p. jv. - Annales des Francs et autres chroniques, trad. par Sauvigny, t. 5, p.62, 264, 267, 272, etc. - Montesquieu, Esprit des lois. - Robertson, Hist. de Charles-Quint, sect. 3, t. 1.
  2. Mos est civitatibus, ultro ac viritim, conferre principibus vel armentorum, vel frugum, quod pro honore acceptum, etiam necessitatibus subvenit. (Tacit. De moribus Germanorum, cap. 15.) Francorum regibus mos erat kalendis maï praesidere curam tota gente, salutare et salutari, obsequia et dona acçipere. (Aimoin.)
  3. De minoribus rebus principes consultant; de majoribus, omnes; ita tamen ut ea quoque quorum penes plebem arbitrium est apud principes pertractentur. (Tacit. De moribus Germanorum, Cap. 11.)