Page:Bainville - Bismarck.djvu/122

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de ce même partage que venaient les flottements de Frédéric-Guillaume II, formant des vœux pour le succès de la Révolution après avoir envoyé une armée contre elle ? Et la jalousie des Hohenzollern ne s’atteste-t-elle pas dans l’imitation constante que fit leur politique de la politique des Capétiens ? Ainsi l’on peut être assuré qu’en dépit de ses répugnances à l’égard du régime républicain comme en dépit de ses traditions légitimistes, l’empereur Guillaume n’eût rien fait pour la restauration monarchique en France, quand même la volonté de son chancelier n’eût pas été vigilante et formelle sur ce point.

D’ailleurs, l’état d’esprit de Bismarck n’était peut-être pas moins compliqué que celui de son maître, mais il avait l’avantage d’être singulièrement conscient. Éclairé par l’idée de l’intérêt national, Bismarck avait peu de chances de se tromper. Lui non plus n’était pas ami des révolutionnaires.

Lui non plus n’était pas sans méfiance au sujet de nos républicains. C’est qu’il avait plusieurs raisons d’être prudent. D’abord il se souvenait du mouvement de 1848 et de la traînée de poudre partie de Paris pour soulever l’Europe. Il était encore incertain, à cette date, que l’exemple d’une République en France dût être mauvais en entraînant l’opinion et en exposant les États à la contagion rouge, ou qu’il dût être salutaire en servant d’épouvantail et de monstre capable de dégoûter pour longtemps les peuples du régime républicain. Bismarck, occupé à la construction d’une Allemagne nouvelle, redou-