Page:Bainville - Bismarck.djvu/153

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que M. Henri Welschinger a montré que la Prusse devait voir les causes de sa défaite dans le pacifisme prussien du commencement du dix-neuvième siècle, dans l’absence de toute préparation à la guerre, la faiblesse du commandement, le relâchement de la discipline, le mauvais état de l’armement, le défaut d’instruction militaire, résultats de cette illusion qu’un peuple est toujours libre de conserver la paix du moment qu’il ne veut pas se battre. M. Henry Bordeaux a rappelé le magnifique réveil de la conscience nationale en Prusse après Iéna, les efforts des patriotes pour relever le pays de ses ruines, l’initiative d’un intellectuel comme Fichte abandonnant ses spéculations philosophiques pour aller au devoir immédiat et, dans ses Discours à la nation allemande, prêtant le secours de sa pensée et de son éloquence aux efforts des militaires et des hommes d’État. Iéna resté la preuve historique qu’une grande défaite peut être l’école d’un peuple, le principe de sa régénération. Enfin un autre écrivain, Louis d’Hurcourt, est allé plus loin encore en montrant que la Prusse a donné un exemple que la France n’a pas suivi, car elle s’est remise à l’œuvre aussitôt après le désastre, mais sans rejeter aux calendes une revanche qu’elle prit dès 1813 et dont elle ne laissa pas le soin aux générations futures. On a trop dit, remarque fort justement M. d’Hurcourt, que la Prusse avait attendu soixante et soixante-quatre ans (c’est-à-dire Sadowa et Sedan) pour réparer sa défaite. C’était oublier volontairement Leipzig et Waterloo. Rejeter sur la deuxième ou